La complicité dans le couple, le couple et la complicité

Beaucoup pensent que la complicité est à la base du couple. Il nous suffit de faire un détour par l’une des plus vieilles émissions télévisées toujours existantes. Il s’agit des Z’amours, diffusée sur le temps de midi pour ceux qui ne travaillent pas. Pour ceux qui travaillent ils ont la possibilité de la revoir en replay…

Le principe consiste à faire gagner le couple qui aura le plus de réponses correctes communes. Ce qui est mis à l’épreuve dans ce jeu de couples est justement leur complicité, à quel point se connaissent-ils l’un l’autre dans leur individualité ?

Mais interrogeons cette notion de complicité. Diriez-vous que vous êtes un couple complice ?

Selon le petit Robert, la complicité serait une entente profonde, spontanée entre plusieurs personnes.

D’où la question de savoir si l’on peut transposer cette définition à la complicité du couple. Mais aussi, quelle fonction y occupe-t-elle ?

Lors de leurs premières rencontres, certaines personnes s’attendent à trouver avec leur partenaire une certaine complicité, découlant de points communs, de passions communes. Le vieil adage ne dit-il pas « qui se ressemble s’assemble » ? Il prend ici tout son sens.

Pourtant, être complice ne veut pas dire que l’on soit semblable. Une autre expression, tout aussi célèbre, dit encore que « les opposés s’attirent ». La complicité ne passe donc pas forcément par une fusion de deux personnes.

Les débuts :

Au fur et à mesure d’une relation chacun va apprendre à connaître l’autre. Des sentiments très forts peuvent cependant déjà naître, même si nous ne connaissons pas encore tout à fait l’objet de notre désir.

Mais comment peut-on expliquer ces sentiments naissants, parfois intenses alors qu’au bout d’un certain temps on se rendra compte que ça risque de ne pas marcher avec cette personne ? Les débuts si forts sont marqués par une sorte d’idéalisation de l’autre, autrement dit, on ne voit pas la personne telle qu’elle est mais telle que nous voudrions qu’elle soit.

Il faudra donc du temps et, à travers de nombreuses situations, nous allons apprendre à connaître toutes les facettes de la personne chérie.

C’est donc de l’ordre de la rêverie, on agit d’ailleurs aussi dans l’espoir attirer l’autre dans son filet, c’est le jeu de la séduction.

Tobie Nathan nous dit d’ailleurs que c’est aux premiers temps d’une relation, là où règne une certaine forme de passion, que nous sommes le plus généreux. L’humain cultive souvent l’égocentrisme et l’égoïsme, la plupart du temps nous faisons les choses parce que nous sommes intéressés…

Au début d’une relation, nous sommes comme drogués. D’un point de vue physiologique, nous avons des hormones qui s’activent et précipitent l’attirance et la fusion. Cet afflux hormonal ne nous permet pas de rester objectif sur ce que nous faisons ou pensons. Bref, nous ne sommes pas tout à fait nous-mêmes, nous ne sommes pas en capacité de juger et de prendre conscience des défauts de l’autre, nous ne voyons que ses qualités. Nous ne vivons que par amour et même si le monde entier nous disait le contraire, nous garderions l’illusion que nous sommes faits l’un pour l’autre et que notre amour est assez fort pour résister et faire face à tout.

En résumé, cette complicité de début de relation est à prendre avec des pincettes car nous ne connaissons l’autre que de manière superficielle. S’agissant bien sûr de deux personnes fraîchement rencontrées, il en irait autrement de personnes ayant déjà eu un lien d’amitié auparavant.

Et par après ?

La complicité que le couple va développer avec le temps passera aussi bien par des moments agréables que désagréables tels que les conflits, les crises, la peur, la colère, les mésententes, la joie, le bonheur, la réussite.

Vous est-il arrivé de voir des personnes si complices que l’un devinait instantanément l’intention de l’autre sans qu’elle ait à ouvrir la bouche, juste par un regard, un geste, un soupir, voire même un sourire ou faux rire ?

Cette complicité se construit et passe par une certaine forme d’amitié. De nombreux auteurs avancent que les couples solides sont, avant tout, deux amis qui partagent tout ensemble, dans le respect mutuel où chacun se doit de considérer le jardin secret de l’autre. Il peut s’agir ici de sujets plus intimes, de secrets, ou encore de fantasmes réalisables ou non. Il n’est pas nécessaire de tout se dire pour être complice.

 

 

 

Evolution de la complicité

L’individu évolue, disons plutôt qu’il change. Cela peut prendre du temps mais il peut changer. La personne, que vous avez connue il y a quelques années, pourrait ne plus être la même aujourd’hui car ses besoins, ses désirs, ses attentes évoluent.

Le proverbe ne dit-il pas qu’il n’y a que les imbéciles qui n’évoluent pas ? Bon, pas tout à fait, mais reprenons-le à notre compte pour expliquer que l’individu fonctionne par stade. L’adolescent, que vous étiez hier, n’est plus l’adulte que vous êtes aujourd’hui. L’adulte d’aujourd’hui reste en lien avec l’adolescent que vous étiez mais, forgé par l’expérience, les échecs et la déception, les événements heureux. Ce que l’on peut appeler l’école de la vie.

Il y a donc une évolution inhérente à chacun qui se transpose naturellement au couple. Celui-ci va donc subir ces changements au fil du temps. Mais alors, vous qui êtes en couple depuis des mois ou des années, connaissez-vous vraiment votre partenaire ? C’est le moment de vérité. Connaissez-vous ses valeurs, ses forces, ses qualités, ses penchants, ses désirs, ses goûts ? Connaissez-vous son passé, ce qu’il pense au présent ou même la façon dont il imagine son futur, parlons ici de rêves, de projets ?

Ainsi, il est important de continuer de s’intéresser à son partenaire, de connaître ses préférences, voire ses valeurs, car celles-ci peuvent évoluer et parfois complètement changer. La complicité passe par un partage. La curiosité dont il s’agit ici, doit servir à connaître l’autre et son histoire. Elle ne devrait pas être utilisée à mauvais escient pour devenir matière à chantage.

Jusqu’où va la connaissance de l’autre ?

Lorsque deux personnes se rencontrent elles ont chacun déjà un passé. S’intéresser à l’autre suppose aussi que l’on interroge ce passé pour mieux le comprendre. Bien sûr il y a un rythme à respecter, différent pour chacun. Le passé est parfois synonyme de blessures. Certaines ne sont peut-être pas encore tout à fait cicatrisées. A trop questionner ce passé, certains affects difficiles pourraient refaire surface. Il est donc important de respecter les voiles d’ombres que l’autre jette sur certains sujets de son histoire. Cela ne signifie pas qu’il n’en sera pas question un jour, mais encore faut-il que l’autre soit prêt à en faire récit mais aussi que celui qui écoute, soit prêt à l’entendre. Car il ne faut pas oublier qu’il y a toujours une part d’idéalisation de l’autre et que, de ce fait, tout n’est pas bon à entendre. Si on ne se sent pas prêt à entendre certaines réponses, pourquoi poser la question ?

L’élément essentiel à la complicité est bien sûr la confiance. Comme dit plus haut, avoir confiance en l’autre ne signifie pas que l’on soit dans une confession absolue de tout ce que nous pensons. Or la confiance en l’autre réside peut-être plutôt en une possibilité de pouvoir déposer quelque chose de soi à autrui. Ses ressentis peuvent être partagés sans crainte d’être jugé mais cela suppose de l’autre côté une certaine capacité d’empathie. L’autre doit pouvoir comprendre les émotions agissant chez son partenaire. A force d’écoute bienveillante et de discussions, le couple entre dans une compréhension de l’autre, autre élément essentiel à la base de la complicité.

Sans la compréhension, la confiance et l’empathie mutuelles, la complicité ne peut se créer.

La fonction de la complicité

La complicité sert à resserrer le lien qui unit le couple. Elle aide à connaître l’autre pour mieux l’admirer en nous aidant à garder en mémoire ce qui nous plaisait lors de la rencontre. Elle préserve l’amitié et nous permet parfois de désamorcer les situations conflictuelles ou les crises.

En somme elle est vitale et indispensable pour la survie du couple.

Mais surtout, la complicité sert à mettre l’amour avant toute autre chose.

Comment nourrir cette complicité ?

Le psychologue et spécialiste de couples Yvon Dallaire nous dit qu’il est important pour un couple de passer du temps ensemble. Les couples heureux passent minimum 5 heures de temps, en tête-à-tête par semaine. Ces moments intimes du couple peuvent être au moment du repas, le fait de regarder un film ensemble. D’autres aiment lire ensemble, discuter, sortir, aller au restaurant ou faire du sport ou une activité ensemble. Cela peut devenir un refuge pour s’échapper du quotidien et se retrouver tout en restant créatif, et ce, si possible sans les éventuels enfants.

Ainsi, en restant curieux et observateur, nous pouvons toujours être surpris par l’autre. N’oubliez pas que les couples qui ne passent pas de temps ensemble n’ont pas la possibilité de se retrouver. S’ils ne prennent pas soin de prendre du temps pour eux, ils finissent par fonctionner en « mode automatique ». Ils en oublient de se regarder, voire même de se toucher et au final ne font que rarement l’amour.

Pour finir

Puisqu’il s’agit d’un phénomène naturel entre deux personnes, quel serait le but à prendre conscience de la complicité ?

La société nous impose un rythme soutenu, qu’il s’agisse du milieu professionnel comme dans la gestion quotidienne de notre foyer. Nous sommes très sollicités par de nombreux sujets, si bien que, la plupart du temps, nous « survolons » les choses sans toujours bien prendre le temps de les faire pleinement. Pris par le cercle infernal du « Métro, boulot, dodo », en y rajoutant les enfants quand il y en a, nous vivons une pression constante.

Le monde extérieur est parfois hostile. Le couple peut donc devenir un véritable refuge dans lequel il nous est possible de prendre du recul et de nous poser. Aussi, faisons du couple notre priorité. Prenons le temps de vivre pour notre couple car la complicité se vit dans l’esprit et le corps, dans le réel et dans l’imaginaire, dans les gestes et les attentions du quotidien et dans le respect.

La complicité se cultive au sein du couple, à vous de la cultiver…

A vous de jouer maintenant

Voici une petite liste de questions qui permettra de voir si vous connaissez vraiment votre partenaire. Elles vous permettront aussi de réfléchir à la complicité qui lie votre couple.

1- Quel a été le plus grand regret de votre partenaire ?

2- Si votre partenaire avait le droit à 3 vœux, lesquels feraient-ils ?

3- Quel est le rêve le plus fou de votre partenaire ?

4- Qu’est-ce qui est le plus important dans la vie pour votre partenaire ?

5- Qu’est-ce qu’il pense de l’avortement, de l’homosexualité, de la peine de mort, des énergies nucléaires ?

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