Psychosexo-therapie

Ce que la venue des enfants peut créer dans le couple

Avant de rédiger cet écrit, nous tenons à remercier tous ceux qui se sont prêtés au jeu en répondant au questionnaire sur ce que la venue des enfants peut créer dans le couple. Autant de réactions différentes que de personnes, mais aussi parfois de ressentis similaires. Sur base de quatre questions générales, nous avons obtenu autant de réponses d’hommes que de femmes, en couple de toute nature, célibataire, avec ou sans enfants :

  1. D’après vous, la finalité du couple est-ce d’avoir des enfants ? Quels autres modèles de couples imaginez-vous ?
  2. Comment avez-vous vécu l’arrivée des enfants et quelle place occupent-ils dans votre vie et dans votre quotidien ?
  3. Comment vivez-vous votre désir d’enfant ? S’est-il seulement manifesté un jour ?
  4. Quels sont les moyens que vous avez trouvés pour préserver votre couple ?

A l’origine, avant qu’une nouvelle vie commence, il y a déjà une histoire. On peut même parler d’ère préhistorique, le moment où une rencontre se fait, celui où deux êtres tissent un lien fort entre eux pour devenir un couple. Ce couple peut, après quelques temps, propre à chacun, ressentir l’envie, le désir, voire le besoin de fonder une famille. Le couple ne serait donc plus seul mais deviendrait une famille.

L’origine de ce changement de statut est tout à fait différente d’une personne à l’autre.

Il y a autant de raisons qu’il y a de personnes. Il ne s’agit pas de généraliser les causes qui peuvent amener un couple à vouloir fonder une famille, mais de s’interroger honnêtement sur ses propres motivations.

Qu’est-ce qui motive, ou a motivé, chacun à faire ce choix ?

 

 

Ce que l’on peut retenir c’est que la question même du désir d’enfant, qu’il soit réalisé ou non, impacte le couple.

Modèles de couples

Le couple évolue au fil du temps par les expériences que chacun va vivre et partager à l’intérieur du ménage. Être en couple n’est pas un état où chacun serait immobile mais il y a une véritable dynamique entre les deux personnes. Les projets communs, les conflits, l’amour, la sexualité sont parmi de facteurs qui agissent sur cette dynamique. Et bien sûr, le projet d’avoir un enfant impacte fortement le couple dans son développement.

Autant, des questions financières et matérielles sont souvent nommées pour désigner le meilleur moment de faire un enfant, autant pour les couples assumant le choix de ne pas en vouloir, les raisons invoquées sont d’ordre tout à fait personnelles, voire intimes.

L’arrivée d’un enfant dans le couple a beaucoup changé au fil des années grâce, notamment aux moyens de contraception et à l’éducation sur le sujet. Sans parler des progrès de la science mais aussi des possibilités juridiques de droit à l’adoption, de nombreuses voies existent aujourd’hui pour ceux qui cherchent à avoir un enfant.

Alors que l’enfant arrivait bien souvent par surprise il y a quelques années, il est aujourd’hui, en général, programmé. Il ne s’agit, en général, pas d’une décision prise à la légère.

Entre la fin des études ou de telle formation et le début de la carrière professionnelle, beaucoup de couples, après quelques années, cherchent à « caser » le moment propice pour faire un enfant. D’où émanent parfois de grandes frustrations, soit que le moment propice ne se présente pas, on n’a jamais vraiment le temps et il faut alors se lancer, soit que l’enfant tant désiré ne vient pas.

La finalité d’un couple

Si la venue des enfants n’est pas nécessairement la finalité du couple elle constitue cependant un enjeu crucial. Pour les couples ayant décidé de ne pas en avoir, c’est avec la pression sociale, voire familiale qu’ils doivent parfois faire face. Quant aux couples dont le projet commun est d’avoir un enfant mais qui n’y arrivent pas, c’est avec une fatalité qu’ils doivent rivaliser. Les couples qui vivent le bonheur de réaliser leur désir ne sont pas exempts de difficultés dans les réaménagements qu’ils subissent. Dans chaque cas de figure, ce qui va déterminer la finalité du couple, c’est d’avoir tissé des liens suffisamment forts pour résister à tous ces cas de figure.

Ça y est, il est là…

Pour beaucoup, l’arrivée de l’enfant est associée au bonheur. Certains parlent même de « cadeau de Dieu », comme d’un avènement qui ne dépend pas de l’homme.

Le couple va, en général, naturellement faire une place à ce petit être qui est complètement dépendant pour assouvir ses besoins vitaux. Ce réaménagement des places dans le couple, cette construction d’une famille prend du temps et n’est pas évidente pour chacun. Des difficultés peuvent apparaître et être naturelles si elles ne persistent pas et ne créent pas de souffrances.

L’arrivée d’un enfant n’est pas laissée au hasard, et pourtant, bien souvent, elle représente un véritable chamboulement pour les parents. On ne se rend pas compte des petits plaisirs, des petits riens qui paraissaient si évidents et pour lesquels, une fois l’enfant arrivé, il devient important de se battre pour ne pas les oublier.

Bien sûr, il existe différents modèles familiaux. Tous les couples ne s’effacent pas quelques temps, voire totalement, pour laisser la place à l’enfant. Il ne faut pas oublier que cela ne dure qu’un temps, tout du moins, tant que l’enfant est tout petit, car il est vrai qu’au fur et à mesure que l’enfant grandit, va à l’école, se fait des amis, il s’ouvre au monde et les parents n’ont plus à combler chacun de ses besoins. L’enfant se met à les détecter lui-même et à chercher des solutions pour y répondre. Les parents ne sont alors que des guides.

Désir d’enfant

Pour de nombreuses personnes, le désir d’enfant, le fait de se projeter en tant que parent, a commencé très tôt, avant même d’être en couple, comme pour pouvoir reproduire ses propres représentations parentales. D’autres ont vu leur envie de fonder une famille prendre forme au moment où elles se sentaient suffisamment stables dans leur couple. Enfin, pour certaines personnes, le besoin d’enfant vient répondre à un manque, une blessure, un vide à combler, voire une tentation de garder une part de l’autre que l’on sent déjà partir.

Et le couple dans tout ça ?

Même si le couple a connu un moment de parenthèse par la venue de l’enfant, il est important de le reprendre là où on l’avait laissé. Le couple, idéalement, devrait être considéré comme un refuge, une relation qui permette d’affronter de nombreuses situations à 2. Bien sûr, partager le temps entre son activité professionnelle ou autre, et ses enfants n’en laisse que peu pour soi et pour son couple. Il est souvent question de se « retrouver », comme si les nombreuses activités qui nous tendent les bras chaque jour nous faisaient courir dans tous les sens, fassent qu’on ne finit que par croiser sa moitié, un peu comme par hasard, en fin de journée. La communication est également un facteur clé mais qui, aujourd’hui, avec nos cadences de vie, n’est pas toujours possible sous sa forme la plus romantique, autour d’une table, en face à face. Il n’est pas toujours possible de se voir, de dîner ensemble, mais rester en communication, se parler et écouter l’autre restent très important. Peut-être ne devrait-on pas hésiter à utiliser tous les moyens technologiques modernes mis à notre service pour se parler, s’écrire, faire ressentir à l’autre ce qui nous traverse.

Chacun cherche d’après son histoire, ce qui va permettre de rester en lien avec l’autre, de cultiver la complicité [1] au sein du couple.

 

 

En conclusion :

Chaque couple aura à répondre, d’une manière comme d’une autre, de son désir d’enfant. Pour ceux assumant ne pas vouloir d’enfant, appelé aussi une « infécondité volontaire [2] », il est important de veiller à ce que les deux restent accordés sur ce désir commun. Alors que l’on était sûr de son choix au début de sa relation, il peut arriver que l’on change d’avis. Que celui-ci soit motivé par une pression montante, par une horloge biologique ou autre, cette envie d’enfant va venir bousculer le fondement du couple qui reposait peut-être sur d’autres projets. D’où l’importance ici aussi de pouvoir discuter de cette question ouvertement, sans qu’elle ne devienne taboue.

Pour les couples dont le désir n’est pas satisfait, cette situation peut mettre à l’épreuve leur ménage La question de l’enfant peut alors être tellement idéalisée, que l’on pourrait penser que tout serait tellement mieux avec un enfant, mais c’est alors sans compter sur les moments heureux que l’on se crée également.

Quant aux couples avec enfants, des chiffres disent qu’un couple sur quatre se sépare dans les 4 premières années de l’enfance. Si de profondes difficultés apparaissaient déjà avant la naissance des enfants, l’arrivée de ceux-ci ne fait qu’accentuer ces problèmes. L’enfant, ciment du couple, n’est une réalité qu’à condition que le couple ait déjà une base solide. Le couple va, au fur et à mesure, être mis à rude épreuve avec certains problèmes insolubles et plus spécifiquement avec les enfants tels que leur éducation.

[1] Voir article précédent.

[2] « Rester sans enfant : un choix de vie à contre-courant », Populations & sociétés N°508 – février 2014 : D’après l’enquête Fécond, 5% des femmes et des hommes ne veulent pas d’enfant.